Soko Festival 2021 : le groupe Aratan N’Akalle sélectionné pour le FIMU 2021 à Belfort

Soko Festival 2021 : le groupe Aratan N’Akalle sélectionné pour le FIMU 2021 à Belfort

Le Groupe Aratan N’Akalle a commencé l’année nouvelle par un concert exceptionnel au Pays des hommes intègres, il devait participer au festival SOKO. Le Soko Festival se tient chaque année en début janvier à Ouagadougou. En 6 éditions, ce festival est devenu une des plus grande grande plateformes musicales du pays. Il reçoit plus d’une vingtaine de groupes et de vedettes, de monde entier. C’est l’occasion de rencontrer des programmateurs de festivals européens comme le FIMU 2021, un festival de la ville de Belfort.

Le samedi 9 janvier, l’institut français de Ouagadougou était animé comme tous les soirs du festival SOKO certes. Mais cette fois c’était tout de même particulier. Pour cause, le groupe malien aratan n’Akalle, groupe de blues touareg était sur scène. Si le groupe est jeune, sa musique particulière, emblématique du désert ouest africain est atypique et bien connue. C’est un style musicale marqué par une guitare qui peut endiablé ou caressante, mais qui domine et imprime dans l’assistance une sorte d’ambiance hypnotique. Jadis un certain Ali Farka Touré avait fait de cette musique, une musique emblématique du Mali. Un blues qui a voyagé jusqu’au confins du globe, grâce également à des musiciens comme Tinariwen, Imidiwen ou plus récemment Songhoy Blues. Le blues man malien, ancien maire de Tiefagué est aujourd’hui représenté par son digne héritier Vieux Farka Touré. 

Aratan N’Akalle, qui est formé de jeunes tous issus du nord Mali, porte également cet héritage. C’est pourquoi d’ailleurs, il a choisi vieux Farka comme directeur artistique de leur album, qui a été enregistré dans le studio Ali Farka. Le groupe pour cette première prestation de 2021 jouait l’album en question pour la première fois et au Burkina Faso.

Le groupe malien a un lien fort avec le Burkina 

Au cours du concert, les jeunes ont déclaré avoir un lien particulier avec le Burkina Faso. En effet, comme le leader Sidi Ag Mohamed l’a raconté, le groupe a été formé dans un camp de réfugié au Burkina Faso en 2013. Fuyant la crise malienne de 2012, les jeunes artistes avaient été accueillis avec leurs familles respectives par le Burkina Faso. Pour affronter le quotidien difficile des camps de réfugies et la nostagie, ils ont commencé à chanter ensemble. De fil en aiguille, ils ont décidé de former un groupe de musique dénommé « les enfants du pays ». Le message du groupe formulé  à la moitié du concert et qui a touché le public de l’institut Français était un message de gratitude à l’endroit du peuple Burkinab et un appel à promouvoir la paix par l’art. 

Visite du groupe à l’ambassade du Mali au Burkina

Un autre lien  avec le Burkina Faso qui n’a pas été mentionné est que l’équipe de production du groupe est une jeune agence Burkinabè, CDC-CONNEXION qui se sert des techniques de communication numérique pour mettre en valeur la création culturelle africaine. Présent au Festival SOKO 2021, le Directeur de CDC-CONNEXION, SANWIDI Wilfried avait pour principal objectif de rencontrer des promoteurs et des programmateurs intéressés par le blues tamasheq. 

Un dernier lien avec le Burkina Faso, fut une grande surprise pour le public burkinabè. En effet après avoir présenté le parcours du groupe et son histoire en Français, le leader de Aratan N’Akalle, s’est exprimé dans un mooré (une des langues nationales du Burkina) parfait sans le moindre accent. L’incident a été applaudit par le public pris au dépourvu et fut commenté tout le reste du festival. 

Le séjour burkinabè du groupe Aratan N’akalle a été bref. Cependant les artistes maliens ont pu rencontrer des artistes comme Ombre Blanche et le chantre burkinabè, l’artiste ATT, qui sont très fréquents au Mali. Ils ont échangé aussi avec la star burkinabè Patrick KABRE avec qui Sidi Ag Mohamed avait déjà fait une collaboration pour le titre Ouaga-Boni en 2018. 

En route pour le FIMU, Belfort 2021

Declaré lauréat du Soko à la fin du festival, le Groupe Aratan N’Akalle s’est vu proposé de renouveler l’aventure en France au Festival International des Musiques Universitaire, à Belfort. En plus de ce sacre, le groupe bénéficiera de l’accompagnement de professionnels européens pour une tournée internationale durant l’été 2021. 

Aratan N’Akalle, un clip pour magnifier Bariz

Aratan N’Akalle, un clip pour magnifier Bariz

Extrait de l’album « Manamosse Kaltamasheq », la chanson Bariz est à l’image de l’oeuvre complète du groupe, une goutte de la culture tamasheq qui va au delà d’une musique qu’une jeunesse veut transmettre. Mélange très rythmé de blues et rock, le single donne la cadence, dès les 5 premières notes de guitare, de l’ensemble de l’oeuvre prévue pour une sortie finale en janvier 2021. Le groupe produit par Guess Africa vient de publier le clip tourné à Bamako par l’Agence Millenium Communication.

Le clip a été tourné à Bamako

Le Groupe Aratan N’Akalle présente la chanson à la fois comme une poésie d’amour et un hommage nostalgique. Et avec maestria, le directeur artistique Vieux Farka Touré aura compris l’esprit et la subtilité que les jeunes désiraient. Il les a guidés pour qu’ils réussissent à poser la douceur d’un poème, sur un rythme endiablé, en imprimant toute la saveur d’une douce nostalgie.

Les membres du groupe visionnant une vidéo pendant le tournage du clip avec le réalisateur Kiss (à droite)

Bariz quartier au sable chaud de Tombouctou se laisse généreusement capturer entre les cordes de guitare de ces jeunes qui l’on quitté depuis 2012, pour devenir une chanson, un hymne qui peut se murmurer, se crier et se danser.

Quelle est l’histoire du groupe Aratan N’Akalle ?

Le groupe « Aratane N’Akalle » (qui signifie « Les enfants du pays » en langue tamasheq) est né de la rencontre de jeunes musiciens maliens qui se sont retrouvés dans des camps de réfugiés au Burkina Faso et en Mauritanie au début de l’année 2012, début de la crise politique au Mali.

Ils se sont retrouvés désœuvrés, avec la musique comme seul refuge et occupation. Ils ont donc décidé de monter ensemble un groupe de musique de blues tamasheq pour montrer ce patrimoine culturel et exprimer leur vécu et leur situation de vie.

Rentré au Mali depuis 2015 et installé à Bamako, le groupe s’est inscrit comme l’un des meilleurs  groupes de musique live de la capitale malienne. Entre collaborations artistiques, festivals et résidences de création, les jeunes sont en constante évolution dans leurs carrières et envisagent la conquête des scènes mondiales, pour mieux faire connaitre la culture et l’histoire tamasheq.

Aratane N’akalle célèbre les 60 ans d’indépendance du Mali par un single, BARIZ

Aratane N’akalle célèbre les 60 ans d’indépendance du Mali par un single, BARIZ

Le Mali a célébré ses 60 ans d’indépendance. Malgré la crise socio-politique qui a connu le 18 août son paroxysme avec la démission du président Ibrahim Boubacar Keita, les maliens ont célébré cette journée et s’engagent  avec espoir dans un processus de transition. Les maliens ayant vécu la crise de 2012 qui avait malheureusement fait plus de 160.000 déplacés, au vu des derniers événements se rappellent ce mauvais souvenir. Même si le groupe Aratan N’Akalle a été formé à la suite des péripéties datant de 8 ans, il n’en demeure pas moins que les membres vivent dans la crainte d’un remake des troubles qui les avaient contraint à quitter le Nord Mali pour se réfugier au Burkina Faso et en Mauritanie.  A la suite de cette crise, le groupe s’est frayé un chemin et a su résister. Aujourd’hui, il fait parti des meilleurs du live au Mali.

En 2012, suite à la crise malienne, de jeunes tamasheks du nord du Mali se sont retrouvés dans un camp de réfugiés au Burkina et en Mauritanie. Loin de leur terre natale, séparés  parfois de leurs familles et de leurs proches, sans ressources et complètement perdus pour l’avenir, ces jeunes se rencontraient chaque fois pour faire grincer les cordes de leurs guitares. La musique les rassemble, le thé accompagne l’inspiration. De ces moments figés dans le temps, naîtra alors un groupe de musique blues qui va s’extirper du camp et regagner Bamako, la capitale malienne pour s’aventurer sur les scènes musicales. Huit ans plus tard, le groupe Aratan N’akalle est satisfait du parcours.

Un premier  album pour le partage culturel

Le premier album du groupe est annoncé au cours d’une conférence de presse à l’institut français il ya un an. Le titre est «Manamosse Kaltamashek» et sa sortie a été repoussée de juin à novembre 2020.  Avant cette datte, BARIZ, l’un des titres phares de l’album fera son entrée sur les plateformes digitales, le 22 septembre 2020 à l’occasion de la célébration des 60 ans d’indépendance du Mali. BARIZ est un quartier de Tombouctou où les jeunes artistes ont grandi. Ils ont voulu mettre en lumière ce paradis méconnu dont ils ont la nostalgie, afin de partager leur histoire et démontrer leur amour pour leurs origines. «Nous avons pris le temps d’observer différents éléments sur notre parcours et nous les mettons face à notre histoire et notre culture… notre histoire surtout. Et c’est tous ces éléments qui ont nourri la composition de notre album» disent-ils. Aratan N’Akalle souhaite donner à chaque composante de l’album final, un sens rattaché à la culture tamasheks

Pour les artistes, «Manamosse Kaltamashek» est une compilation de messages et de réponses fondamentales de la culture tamashek. En effet, ces jeunes touaregs affirment vouloir changer ou améliorer la perception de leur culture dans la société malienne et africaine. Les tamasheks sont confrontés à la stigmatisation depuis très longtemps et cet album a pour objectif de contribuer à rendre plus accessibles les éléments culturels que les autres cultures ne comprennent pas.

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