Des personnalités arabes et africaines du monde du théâtre ont pris part à la cérémonie finale des Journées Théâtrales de Carthage (JTC), tenues du 04 au 12 décembre. Présentée par deux comédiennes, la Tunisienne Jamila Chihi et la Congolaise Oliva Ouedrago, la soirée a été ponctuée de tableaux chorégraphiques et de la musique.
La clôture a eu lieu en présence de la ministre des Affaires Culturelles, Hayet Ketat Guermazi et son homologue égyptienne, la ministre de la Culture, Ines Abdeldayem, dont le pays est à l’honneur aux JTC. L’actrice Samiha Ayoub était à l’honneur en cette édition qui coïncide avec la célébration de l’année de la culture tuniso-égyptienne, 2021-2022.
palmarès officiel des Journées Théâtrales de Carthage
L’Algérie a raflé deux prix pour la même pièce, « GPS » de Mohamed Cherchel. Ce dernier est lauréat du prix de la meilleure mise en scène alors que son compatriote l’acteur Mohamed Haoues a eu le prix de la meilleure interprétation masculine.
Suite à l’absence des délégations marocaines et syriennes, une sélection de 12 ouvres uniquement était en lice dans la compétition officielle.
L’Afrique noire est le grand absent du palmarès de cette édition 2021 des JTC. Sur les trois œuvres en compétition venues du Continent, aucun prix n’a été attribué. Pour rappel, l’Afrique noire était représentée par De A à Z d’Aminata Yacine Sane (Sénégal), Les Cartes de l’Afrique de Rouguiatou Camara (Guinée) et Immortels de Philippe Vincent (Burkina Faso).
Le tunisien Moez Mrabet présidait le jury composé également de Hisham Zineddine (Liban), Kangani Alem (Togo), Lakhdhar Mansouri (Algérie), Sameh Mahrane (Egypte) et Nizar Saïdi (Tunisie). Le président du jury a émis son souhait de voir « des œuvres de qualités dans la compétition officielle du festival qui réunit des œuvres internationales. »
Il a lancé un appel afin que «les comités de sélection des œuvres théâtrales dans la compétition officielle ne retiennent que les spectacles de qualité, en se basant sur des choix qui coïncident avec le niveau cette compétition et offrent une égalité des chances entres les œuvres nominées». Mrabet est revenu sur la vocation de ce festival « d’envergure internationale, proposant des spectacles dans plusieurs langues », dit-il.
La stratégie de communication du festival est également mise à l’épreuve. Le jury a souligné l’importance de travailler davantage sur ce volet, en adoptant « une stratégie avancée qui aiderait le plus grand nombre de troupes théâtrales étrangères, notamment celle du Continent africain à participer».
La Guinée est présente en compétition officielle aux Journées théâtrales de Carthage (JTC) 2021 avec la pièce “Les Cartes de l’Afrique” mise en scène par Rouguiatou Camara, d’après un scénario d’Ibrahima Alsény Bangoura.
Cette pièce (1h10′) a fait son avant-première africaine aux JTC (4-12 décembre 2021), avec deux séances, le mardi 7 décembre au Rio Tunis.
Dans une interview accordée à l’agence Tap, Ibrahima Alsény Bangoura, auteur-comédien et dirigeant de la compagnie Nimité théâtre Guinée, s’est confié sur la réalité du théâtre actuel dans le Continent, notamment en Afrique noire.
Les handicaps qui freinent l’évolution du quatrième art dans son pays, la Guinée, un pays sur l’atlantique, sont au cœur des préoccupations de ce créateur guinéen qui pilote une compagnie d’une quarantaine d’artistes, comédiens et metteurs en scène polyvalents.
Autour de la qualité des textes et de l’écriture pour le théâtre africain, Ibrahima Alseny Bangoura estime qu’il existe de “bons scénarios, de très bonnes pièces de théâtre”, mais la question qui se pose se rapporte plutôt “aux sujets abordés”.
Certains tombent dans ce qu’il qualifie de “facilité”, en faisant des productions qui ne reflètent pas vraiment la vision et les besoins des Africains.
“Est-ce que nos textes répondent aux aspirations des peuples du Continent et pourquoi nous faisons du théâtre?”, s’interroge-t-il.
Pour une politique générale à même d’aider à surmonter les défis
Le théâtre guinéen comme celui dans toute l’Afrique, et l’Afrique noire en particulier, a “d’énormes difficultés” que le comédien essaie d’en faire la lecture. Dans son diagnostic, il trace les contours d’une politique générale qui aiderait à surmonter les défis qui se posent pour un secteur en manque de visibilité et de structuration.
Les problématiques qui minent le Théâtre en Afrique ont de larges ramifications et nécessitent divers axes de réflexion. D’après lui, au niveau du scénario, les auteurs écrivent sur des réalités étrangères, ce qui leur facilite un accès aux ressources financières et se produire pour d’autres publics, en Occident spécialement. Le problème qui se pose, se rapporte ainsi à l’existence de pièces qui répondent aux besoins de la communauté africaine.
« Le théâtre, c’est l’espace de la vérité » proclame Odile Sankara, comédienne, metteure en scène et présidente du prestigieux festival Les Récréatrales à Ouagadougou, au Burkina Faso. En un mot, un geste et un silence, la sœur cadette du « Che Guevara africain », Thomas Sankara, partage avec nous sa façon de faire du théâtre et comment elle fait vibrer son public.